La spéculation sur les biens alimentaires est la forme la plus répugnante de la recherche du profit. Avec leurs paris, les banques poussent les prix des biens alimentaires vers le haut et partagent ainsi la responsabilité de la faim dans le monde. Quelques-uns s’enrichissent aux dépens de milliards. La Suisse s’immisce dans ce commerce en tant que siège de nombreux commerçants de matières premières et d’acteurs de la finance.*

On ne joue pas avec la nourriture

L’initiative Stop à la spéculation veut stopper les spéculateurs pour combattre la faim. En effet, seule une petite portion du commerce de biens alimentaires se réalise dans le négoce de matières réelles. Pour le reste, il s’agit de paris en bourse et d’échanges entre instituts financiers. Ce casino dans les bourses conduit à des fluctuations incroyables et à des hausses de prix qui ont déjà entraîné des millions d’êtres humains dans la faim. Il s’agit de ramener le commerce des biens alimentaires à la réalité du terrain. Nous voulons que le commerce permette aux producteurs d’ici ou d’ailleurs de nourrir la population de façon durable. Ils doivent pouvoir écouler leurs récoltes et pérenniser leurs moyens de production. Du coté des consommateurs, ils doivent avoir accès à une nourriture saine et variée où qu’ils se trouvent.

A l’heure du développement de technologies efficaces dans le développement durable, la production biologique ainsi que dans le calcul, l’évaluation et l’anticipation des besoins alimentaires, nous ne saurions tolérer que le scandale de la faim dans le monde perdure et s’aggrave encore.

Avec l’initiative Stop à la spéculation, nous pouvons changer cela. Nous mettons à nouveau au premier plan les besoins de l’humanité.

Penser globalement, agir localement

Une grande partie de la spéculation sur les biens alimentaires a lieu en Suisse et les plus grandes entreprises de ce commerce ont leur siège dans notre pays. La lutte contre la faim dans le monde nous concerne de près. Il est temps que la Suisse donne le bon exemple et qu’elle s’engage également au niveau international pour interdire toute pratique de spéculation sur les biens alimentaires.

Comment en est-on arrivé là ?

Depuis 1966, l’ONU a adopté un pacte international qui garantit le droit à l’alimentation pour tout être humain. Ce droit est chaque jour violé. Environ un neuvième de la population mondiale souffre de la faim et de la malnutrition, alors que la production planétaire actuelle pourrait alimenter 12 milliards de personnes. La faim a toujours existé dans l’histoire du monde, provoquant exils et guerres. Aujourd’hui, cette tragédie est évitable si les denrées alimentaires étaient distribuées de manière équitable et si nos banques et caisses de pension ne faisaient pas de la famine un commerce.

Il y diverses causes à la faim dans le monde telles que sécheresses, inondations. Le phénomène est encore aggravé depuis que la spéculation sur les denrées alimentaires a pris cette ampleur. Nous avons assisté à une flambée des prix. En Ethiopie, le maïs a augmenté de 100%. Le blé a vu son prix grimper de 300% en Somalie. Impossible de citer tous les exemples et nous constatons, comme par hasard, que ces pays déjà très pauvres sont en guerre, allez savoir pourquoi ! Et leurs ressortissants tentent par tous les moyens de fuir la misère et la mort. Ainsi, il y a maintenant près d’un milliard de personnes qui souffrent de la faim dans le monde.

La place financière suisse joue un rôle important dans le commerce de la faim*. Un grand nombre de banques privées ainsi que les banques cantonales et les caisses de pension ont investi des sommes qui, une fois cumulées, constituent une grande fortune qui a inondé les marchés de matières premières Près de 410 milliards en 2011. Ces transactions ne correspondent pas seulement à gérer l’offre et la demande. Ces transactions sont des paris sur des estimations de besoins à venir et ont tendance, justement, à accentuer des fluctuations de prix tant au niveau des producteurs qu’au niveau des consommateurs, avec les conséquences que l’on sait. *

* CF « l’économie, mode d’emploi – Qu’est-ce que la spéculation ? «  sur Youtube. Pour ceux qui, comme moi, n’ont pas étudié l’économie.

*CF Document de recherche de « Pain pour le prochain/ Action de Carême

Certaines banques et caisses de pension en Suisse ont reconnu le problème et se sont retirées de ce marché de la mort. Il est donc bienvenu de légiférer en la matière pour éviter une injustice de plus, à savoir que certaines banques et caisses de pension continuent à tirer d’odieux profits.

Chaque être humain a droit à une alimentation suffisante. Nous pouvons changer le monde. Le 28 février prochain, votons OUI à l’initiative contre la spéculation sur les denrées alimentaires.

Anne-Gabrielle Frund_2 janvier 2016