Berset, remballe ton paquet

En automne dernier, le Conseil Fédéral a publié son projet Prévoyance 2020. Le programme en très résumé : des retraites plus individualistes et moins solidaires, des économies sur les rentes, et des cotisations en hausse. Depuis, le parlement se partage principalement en deux groupes : d’un côté, une droite qui voudrait plus d’économies sur le dos des retraités, et de l’autre, un parti socialiste qui défend le projet d’Alain Berset pour éviter le pire. Nous voulons faire entendre une voix de gauche, et défendre des retraites qui offrent aux travailleurs une réelle sécurité !

Pour justifier les programmes d’économie, ou nous promet les déficits et l’endettement de l’AVS. Il faut toutefois relativiser : Voilà plus de quinze ans que l’on nous annonce des changements dramatiques, et chaque année, les comptes donnent tort aux experts. En 2000, le Conseil fédéral promettait à l’AVS une dette d’un milliard pour l’année 2010. Résultat : en 2010, les comptes ont affiché des réserves de 44 milliards. En 2009, le Conseil Fédéral reprend ses pronostics, et prévoit pour 2014 un capital de 37 milliards. Résultat des comptes 2014 : un capital de 44 milliards. On peut sérieusement douter des prévisions d’Alain Berset, qui nous promet l’endettement de l’AVS pour l’année 2029. L’espérance de vie augmente, certes, mais les recettes de l’AVS ont réussi à suivre le rythme : depuis 35 ans, l’AVS a présenté 30 années bénéficiaires.

Autre point à remettre en question : l’augmentation de l’âge de la retraite. La droite demande 67 ans pour tous-tes, le Conseil Fédéral propose de passer de 64 à 65 ans pour les femmes – une mesure qui toucherait chaque année 70’000 d’entre elles. Mais que proposer à ces travailleurs-ses âgés-es ? Actuellement, au moment d’arriver à la retraite, 13% des femmes et 15% des hommes touchent une rente d’invalidité. Dans ces mêmes classes d’âge, plus de 5% touchent l’aide sociale ou le chômage. Economiser sur les rentes AVS risque donc reporter une bonne partie des charges sur les autres assurances sociales !

A notre sens, l’augmentation de la productivité des dernières décennies, doit aussi permettre de garantir une retraite à toutes et tous. Il n’y aurait aucun intérêt à mettre sur le marché  des travailleurs-ses de plus en plus âgés, qui iraient grossir le taux de chômage. Nos priorités sont au contraire des retraites qui tiennent leurs promesses : selon la Constitution, l’AVS doit « couvrir les besoins vitaux de manière appropriée ». Pourtant, ses rentes restent généralement insuffisantes. En 1966, des Prestations Complémentaires à l’AVS/AI ont été instituées, en attendant que le développement des retraites réalisent le mandat constitutionnel. En 2015, 12% des retraités dépendent toujours des prestations complémentaires, et le taux n’est pas en diminution…

 

David Payot