L’initiative de l’UDC « Sauvez l’or de la Suisse » est composée de trois volets. Premièrement, elle demande que toutes les réserves d’or de la Banque nationale suisse (BNS) soient stockées en Suisse.
Les 30% qui se trouvent actuellement déposées au Canada et au Royaume Uni devraient donc être rapatriées. Deuxièmement, l’initiative implique que la BNS détienne au minimum 20% de ses actifs en or, soit trois fois plus que ce qui est le cas actuellement. Et enfin, troisièmement, elle veut que les réserves d’or de la BNS soient inaliénables, ce qui veut dire que la BNS ne pourrait pas les vendre, ni rien en faire, seulement les stocker.

En rapatriant la totalité de l’or, l’UDC prétend vouloir assurer l’indépendance de la Suisse et le contrôle du peuple suisse sur ce qui lui appartient. C’est ce premier volet que les initiants mettent particulièrement en avant. Cette seule revendication pourrait ne pas sembler irraisonnable, puisque l’on ne peut pleinement faire confiance aux banques étrangères pour rendre l’or de la BNS lorsque celle-ci en aura besoin, surtout en considérant tout le mal que l’Allemagne et le Venezuela ont eu pour récupérer leurs propres réserves d’or (les USA ont d’ailleurs refusé de rendre au Venezuela la totalité de ce qui lui appartient). Mais même ce volet seul ne résoudrait en rien le problème et ne rendrait pas le peuple suisse plus maître de son or. Car le plus grave obstacle au contrôle de la population suisse sur sa politique monétaire et son or n’est pas le fait qu’un tiers de celui-ci se trouve en Angleterre ou au Canada, mais plutôt l’indépendance de la BNS, société anonyme qui, même si ses actionnaires sont majoritairement publics, finit par fonctionner comme une société privée sans aucun contrôle démocratique.

Le deuxième volet – qu’au moins 20% des réserves de la BNS soient constituées d’or – est éminemment contestable dans la mesure où cela ferait tripler les réserves d’or de la BNS. C’est aussi énorme comparé à la pratique actuelle des banques centrales. Mais il est vrai que l’on peut invoquer en faveur de cette mesure le fait que l’or soit a priori une valeur plus sûre que les devises étrangères, qui sont extrêmement volatiles, et qui demain pourraient très bien ne valoir plus rien.

Mais la principale raison pour nous de refuser cette initiative est son troisième volet, celui qui prévoit de rendre les réserves d’or de la BNS inaliénables. Car le but de rendre les réserves d’or de la BNS et d’augmenter notablement leur volume – disent les initiants – est de garantir mieux la valeur du franc suisse. Fort bien, mais l’or de la BNS ne peut garantir la valeur du franc que s’il peut être échangé contre lui, s’il est aliénable (ce qui du reste était le principe de l’étalon or). Si on rend cet or inaliénable, il ne peut plus servir à rien, il n’est qu’un poids mort sans valeur, destiné à être stocké ad aeternam dans les coffres forts de la BNS sans la moindre utilité pour qui que ce soit.
Cette mesure n’est que pure démagogie dictée par un fétichisme de l’or et une idéologie du patrimoine qui devrait être préservé à tout prix, sans aucune rationalité économique.

Et il ne faut pas oublier qu’actuellement une partie du bénéfice de la BNS est redistribué chaque année aux cantons et aux communes. Or si la BNS était obligée d’acheter des tonnes d’or dont elle ne pourrait ensuite plus rien faire, son bénéfice chuterait pour ainsi dire à zéro. De là, suivraient des inévitables coupes dans les prestations, ce qui ne serait pas pour déplaire à l’UDC, mais dont les classes populaires de ce pays souffriraient.

En conclusion, l’UDC nous sert à nouveau une initiative qui relève de la pure démagogie. Le raisonnement qui sous-tend sa proposition est très simple : nous voulons être maîtres chez nous, et ce qui est à nous doit rester chez nous. Un nationalisme simpliste vide de toute logique économique et qui occulte encore une fois les véritables problèmes qui devraient préoccuper la population.

Parti Suisse du Travail 2014