Covid 19 : Quel impact sur les travailleurs et travailleuses

Interpellation urgente déposée le 19.05 2020 par Céline Misiego

La crise du COVID-19 frappe déjà durement les classes populaires, en particulier les travailleurs et travailleuses. En Suisse, plus d’un.e travailleur.euse sur quatre a « bénéficié » du chômage partiel en mars, ce qui signifie qu’il/elle a perdu 20 % de ses revenus. Ceci est d’autant plus inquiétant pour les bas salaires (c’est-à-dire les salaires inférieurs aux deux tiers du salaire brut médian standardisé pour un EPT à 40 heures par semaine) pour qui la baisse de -20% de salaire peut rapidement faire plonger dans la pauvreté. Il convient également de noter que, si les indemnités de réduction de l’horaire de travail (RHT) garantissent 80% du revenu brut de la personne salariée, les cotisations sociales sont quant à elles déduites du salaire brut sur la base de l’horaire de travail normal, à 100%. Ceci permet certes de ne pas induire de pertes d’avoirs sociaux pour les employé.e.s, ce qui est profitable, mais cela induit une perte de pouvoir d’achat et de salaire net extrêmement précarisante pour les employé.e.s à bas salaire.

En outre, par rapport à mars 2019, il y a eu cette année 20 % de chômeurs et chômeuses de plus inscrits auprès des offices de placement. Dans le canton de Vaud, le nombre de personnes inscrits suit une nouvelle hausse et s’établit à 20’415 la fin du mois d’avril 2020 (+1947, soit +10,5 %). L’effectif des personnes demandeuses d’emploi suit la même tendance et se fixe à 28’644 (+1695, soit +6,3%). Au cours du mois d’avril 2020, les ORP vaudois ont inscrit 3456 nouvelles personnes demandeuses d’emploi. Les effets de cette crise sanitaire se manifestent également sur les chiffres des places vacantes. Ainsi le nombre de places de travail vacantes annoncées par les employeurs auprès des ORP vaudois s’élève à 1885, en baisse de 42,1 % par rapport à mars 2020 et de 60,4 % par rapport à avril 2019.

À Lausanne, la situation du chômage au mois d’avril 2020 marque une nette aggravation avec 7’183 personnes demandeuses d’emploi (9,5% de demandeurs d’emploi par rapport à la population active totale) pour seulement 335 places vacantes, en comparaison du mois de mars 2020 avec 6’885 personnes demandeuses d’emploi (9,1%) pour 678 places vacantes.

À cela s’ajoutent les travailleurs et travailleuse indépendantes qui n’ont souvent pas droit au chômage partiel, tandis que les personnes qui y auront droit recevront des indemnités minimales qui entraîneront de toute façon une forte diminution de leur revenu.

L’offensive patronale ne s’est pas faite attendre et de nombreuses entreprises, des plus grandes aux plus petites, profitent de la crise pour maximiser leurs profits. De nombreux travailleurs et travailleuses ont été priées de renoncer à des jours de vacances payés ou de compenser le temps de travail perdu par des heures supplémentaires précédemment accumulées. Certaines entreprises à l’instar de Tesa SA à Renens, après avoir bénéficié de la RHT pour les employé.e.s avant même le début de la crise du COVID-19, et donc avoir effectué des économies conséquentes sur la masse salariale, procèdent malgré tout à des licenciements de masse tout en continuant à verser les dividendes à leurs actionnaires. Dans d’autres cas d’entreprises vaudoises, les employeurs ont tout simplement exclu délibérément certains travailleurs et travailleuses, procédant ainsi de fait à leur licenciement. C’est le cas notamment des travailleur.se.s sous contrat précaire (travail sur appel, travailleurs engagé par le biais d’une agence de placement), quand bien même les mesures introduites par le Conseil fédéral au mois de mars 2020 permettaient d’intégrer ces travailleurs à la RHT.

Alors que les indemnités RHT sont conçues pour éviter les licenciements, nous observons donc malgré tout un manque total de protection contre le licenciement pour les employé.e.s travaillant dans une entreprise ayant bénéficié des RHT.

La protection des travailleurs doit être une priorité absolue !

Au vu des chiffres alarmants évoqués ci-dessus, au vu des risques croissants à ce qu’une partie des travailleur.se.s et nouvelles personnes demandeuses d’emploi tombent dans la pauvreté, au vu de l’inexistence actuelle de protections contre le licenciement durant cette période d’urgence sanitaire, sociale et économique, nous adressons les questions suivantes à la Municipalité :

– En complément des aides cantonales, quelles mesures concrètes la Municipalité envisage-t-elle de mettre en place pour pallier à la perte de pouvoir d’achat des travailleur.se.s et des indépendant.e.s depuis le début de la crise COVID-19 ?

– La Municipalité envisage-t-elle de faire pression au niveau cantonal et fédéral pour que les travailleur.se.s obtiennent des mesures de protection contre le licenciement dans les entreprises ayant bénéficié de la RHT depuis le mois de mars 2020 ?

– La Municipalité envisage-t-elle de faire pression au niveau cantonal et fédéral afin que le délai cadre du droit au chômage soit élargi pour les chômeur.se.s issus des branches économiques rassemblant le plus de personnes demandeuses d’emploi, ainsi que pour les chômeur.se.s de plus 55 ans ?

– Quelles mesures ont été introduites pour les employé.e.s de la Ville de Lausanne afin que ceux-ci ne subissent pas de perte de salaire ?

– La Municipalité est-elle en mesure de fournir un rapport détaillé des conditions salariales ainsi que des demandes RHT pour les différents services de la Ville ?

– La Municipalité a-t-elle décidé de procéder à des licenciements économiques parmi les employé.e.s de la Ville de Lausanne ?

– La Municipalité garantit-elle que la décision fédérale de refuser aux institutions culturelles les réductions d’horaires de travail n’aura pas d’impact sur leur personnel ?

– La Municipalité peut-elle répondre à toutes ces questions pour toutes les institutions subventionnées ou celles où la Ville a des participations ?