Place aux idées des habitants

Article paru dans Le Courrier, édition du 05.02.20, par

Lausanne met en place un nouveau contrat de quartier. Les habitants d’Entre-Bois sont invités à proposer des projets. Le processus débute samedi avec un safari urbain.

Un quatrième contrat de quartier va voir le jour à Lausanne. Les habitants d’Entre-Bois, dans le nord de la ville, pourront donner leurs idées pour améliorer leur lieu de vie. Cela commence samedi, avec un safari urbain. Pendant deux heures de balade, chacun est invité à faire part de son vécu et des changements souhaités. Lausanne met 50’000 francs par an sur la table pendant trois ans, pour mettre en place des idées voulues par les habitants.

A travers ces projets à durée limitée, la Ville veut favoriser le dialogue entre les autorités et les habitants. Montelly, les Boveresses et Prélaz-Valency en ont déjà bénéficié. «Nous visons des quartiers populaires, avec une mixité sociale. Des personnes qui n’ont pas forcément les ressources pour faire des demandes à l’administration ont ainsi l’occasion de s’exprimer», explique le municipal popiste David Payot. La Ville vise à chaque fois un périmètre d’environ 4000 habitants, un bassin jugé idéal pour que suffisamment de personnes s’investissent et qu’une dynamique collective soit possible. Les associations, paroisses, écoles, et autres acteurs sont invités à participer. «Les concierges sont souvent des alliés précieux. Ils ont une bonne connaissance du terrain et une relation privilégiées avec les propriétaires privés», souligne le municipal. Lausanne compte faire le tour de tous ses quartiers avec cette démarche participative.

Bénéfices à long terme

La somme de 50’000 francs par an permet des aménagements légers. Aux Boveresses, les habitants ont demandé l’installation d’un fitness urbain. Dans le quartier de Prélaz, des représentants de la Ville ont accompagné des enfants sur le chemin de l’école. En partageant le vécu des écoliers, ils ont identifié les aménagements susceptibles de sécuriser le parcours. A Valency, un panier de basket a été décalé pour ne pas déranger le voisinage et un espace de grillades a été réaménagé.

«Nous visons des quartiers populaires, avec une mixité sociale» David Payot

«La balade avec les habitants permet d’identifier les lieux susceptibles d’avoir des usages ambigus», note David Payot. Des petits changements suffisent parfois pour pacifier les relations entre habitants. Des bénéfices à long terme sont constatés: en participant aux contrats de quartier, les associations trouvent souvent un nouvel élan, connaissent mieux les méandres de l’administration et créent des liens entre elles, selon la Ville.

L’Association du quartier de Bellevaux, (AQuBe) qui comprend Entre-Bois, se réjouit du projet à venir. Ses membres gèrent un potager collectif, un magasin gratuit et organisent régulièrement des nettoyages de déchets dans la forêt voisine. «Nous sommes ravis que la Ville ait choisi Entre-Bois. Chaque demande à l’administration prend du temps avant qu’un projet n’aboutisse. Le contrat de quartier permettra peut-être de faire avancer les choses plus vites», espère Marie-Luce Topham, présidente de l’AQuBe, qui pointe du doigt plusieurs manquements. Les habitants regrettent la fermeture des toilettes publiques après des déprédations. «Nous souhaitons les rouvrir. Quitte à ce qu’elles soient fermées la nuit, pour éviter les problèmes», suggère-t-elle. L’habitante imagine aussi des infrastructures sportives pour occuper les jeunes: «Ils s’ennuient ici, alors ils font n’importe quoi, fument des joints, cassent ou brûlent des trucs dans la rue. Ils ont besoin d’activités, pour canaliser leur énergie.»

Selon la présidente de l’association, le quartier manque également de balançoires pour les plus petits et de poubelles publiques. Après le safari urbain, les idées seront mises en commun lors d’une assemblée et une commission suivra les projets durant les trois ans du contrat de quartier.