Rencontre entre des jeunes migrant.e.s et des élèves lausannois.es

Au travers de la campagne de prévention C’est la Base!, pilotée par le département de notre Municipal David Payot, et en collaboration avec Terre des Hommes et l’EVAM, des élèves lausannois.es ont rencontré des jeunes migrant.e.s, pour une discussion et un match de foot. En voici un récit, fait par le 24Heures

Article paru dans le 24 Heures, le 28.06.2019, par Romaric Haddou

Il aura fallu quelques minutes avant que les rires ne gomment les silences. Lundi matin, dans une salle du collège lausannois C.F.-Ramuz, deux classes de 10e année accueillaient de jeunes migrants pour une heure d’échange sur les parcours de vie de chacun. C’était l’un des trois volets d’une action menée par Terre des hommes (Tdh), en collaboration avec l’EVAM et soutenue par la Ville de Lausanne à travers son programme d’éducation C’est la base! Avant cette rencontre, les élèves avaient été sensibilisés à la thématique, tandis qu’un match de football a clôturé le cycle, mardi.

Lundi à 8h30, Nemat (19 ans) et Hamza (20 ans) prennent donc place face à une vingtaine d’élèves, curieux mais timides. Certains finissent par se lancer: pourquoi avoir quitté ton pays? Par où es-tu passé? Quelle image avais-tu de la Suisse? «Des prés et du chocolat», pour décontracter l’atmosphère et lancer vraiment la rencontre. Originaire du Maroc, Hamza a traversé 12 pays, il a rencontré gaz lacrymogènes et barbelés en Hongrie parce qu’il était «incapable de se faire passer pour un Syrien», incapable d’expliquer pourquoi il «voulait quitter un endroit où les gens vont en vacances». Quant à Nemat, il parle peu de son pays, l’Afghanistan, mais raconte le bateau, les îles, l’exil sans destination précise et finalement la Suisse, où il y a «moins de pistes de ski que prévu».

L’assistance voyage un peu aussi, entre incrédulité et tendresse. «On a beau en parler à l’école, c’est la première fois qu’on en discute avec des personnes concernées, raconte Christian, élève en 10VP1. C’est un commentaire de la réalité qui permet de comprendre ce qui se passe vraiment, quelles sont les difficultés mais aussi les choses positives.» Les rencontres et la découverte de certaines villes européennes, notamment.

«Nos élèves ont des représentations diverses de la migration, en fonction de leur manière de s’informer mais aussi parce que la thématique peut faire écho à leur histoire familiale, surtout dans un quartier multiculturel comme celui où nous sommes, observe Sophie Riesen, maîtresse de classe de la 10VP1. Nous voulions qu’ils abordent le sujet à leur manière via un accès direct à des jeunes de leur tranche d’âge.» Pour alléger le cadre des discussions, celles-ci ont eu lieu entre croissants et jus d’orange.

En prévision du match du lendemain, les jeunes finissent par évoquer le football et leur position préférée sur le terrain. «Durant ce match, élèves, jeunes migrants et joueurs de l’équipe de foot de Tdh seront mélangés. L’objectif, c’est d’intégrer les différentes cultures par le sport et de montrer aux jeunes à quel point ça fonctionne!» expliquent Carolin König et Louis Dubois, stagiaires chez Tdh.

Mardi soir, une partie des élèves ont donc partagé maillots et crampons avec des joueurs de l’équipe Couleur Respaix, composée d’actuels ou d’anciens mineurs non accompagnés qui évoluent en Ligue romande de football. «C’est très important que nos jeunes puissent avoir des contacts en dehors du cadre migratoire, souligne Renaud Villé, secrétaire de l’association Couleur Respaix. Être dans une classe ou sur un terrain de football avec les élèves lausannois, c’est sortir des structures collectives, croiser d’autres parcours de vie et s’aérer l’esprit.» (24 heures)