La consultation sur la Riponne pas «factice» ?

Article paru dans le 24Heures le 07.06.2019
Par Laurent Antonoff lien sur l’article

Elle est perplexe. La conseillère communale Céline Misiego (Ensemble à Gauche) s’en est donc ouverte à la Municipalité par le biais d’une simple question posée en mars dernier: «Mais où est la participation à la Riponne et au Tunnel?»

L’origine de son inquiétude? L’élue craint que, dans le cadre de la grande réflexion actuellement menée sur l’avenir des places de la Riponne et du Tunnel, la population ne soit finalement écartée. «Il semble que cette démarche participative ne soit, en réalité, qu’une énième consultation et qu’elle ne mène à un refus total par référendum du projet qui sera choisi», estime l’élue. La Ville s’en défend dans une réponse qui vient de tomber, et lance dans la foulée un concours d’idées international.

Une démarche «novatrices»

«La question qui nous est posée entretient l’idée que la démarche participative engagée à la Riponne serait factice. Or, à ce jour, elle est l’une des plus novatrices qu’a connue la Ville de Lausanne», s’inscrivent en faux les autorités. Chiffres à l’appui, la Municipalité déclare que la démarche lancée en novembre dernier a déjà permis la participation d’environ 450 personnes «de milieux très divers». Plus de 70 entretiens individuels avec des acteurs et usagers du quartier ont été conduits en parallèle, comme la mobilisation des collégiens de la Barre et des gymnasiens de la Cité. «Nous sommes très loin d’une démarche s’appuyant uniquement sur un petit cercle d’initiés ou de passionnés.»

Hasard du calendrier, Lausanne a lancé ce vendredi le concours d’idées international lancé auprès des urbanistes, architectes paysagistes et architectes. Ils ont jusqu’au 30 octobre pour repenser les deux places afin d’apporter «une vision d’avenir au plus près des souhaits et proposition de la population» et «renforcer l’attractivité et l’animation du secteur». Quatre membres de la population font partie du jury qui délibérera en public en novembre prochain au Palais de Beaulieu. Pour Céline Misiego, il aurait été préférable que la population entière constitue ce jury. «Ne serait-il pas plus opportun de mettre en place un prix du Public?» s’interroge-t-elle. Pour la Municipalité, la voie de l’intégration du public dans la démarche est «plus porteuse et ambitieuse» qu’un tel prix.

Pas de projet ficelé

Le concours d’idées qui est lancé pour repenser le quartier Riponne-Tunnel ne contient pas de mandat de réalisation. Il est censé «nourrir» la réflexion et non pas proposer un projet fini et ficelé «qui serait imposé à la population». Les résultats seront présentés à la population dans le cadre d’une exposition en 2020.

Des dispositifs comme des tables rondes permettront d’en débattre. Au final, il appartiendra au Service de l’urbanisme de proposer une image directrice pour les deux places.

Quant à la question de la conseillère communale de savoir pourquoi la Municipalité refuse de laisser le choix final à la population, les autorités répondent qu’à ce stade, ce n’est pas du tout exclu.

À noter qu’un groupe de spécialistes-conseils, composé là encore d’habitants, usagers ou encore commerçants, travaillera parallèlement au jury et lui fera part de ses remarques.