Ses qualités et ses valeurs, celles qui l’ont poussé à choisir ce métier, ne sont certainement pas étrangères à toute l’admiration que j’ai pour elle. Je parle ici du don de soi, de l’empathie et de l’envie d’aider tous ses prochains, sans distinction aucune. Le rêve de toute épouse, croirait-on ? Mais pas vraiment car vivre avec un.e infirmier.e est loin d’être une partie de plaisir.
Il y d’abord les horaires, si irréguliers qu’il est pratiquement impossible de s’en souvenir. Quand on termine le travail à 20h pour reprendre le lendemain é 6h45… on est là au plus près de l’expression métro-boulot-dodo. Rajoutez à cela les horaires du week-end – pratiquement inchangeables – qui sont souvent un frein à l’organisation d’excursions, fêtes ou autres activités décompressantes. Ah et bien sûr, au milieu de tout ça, il y a encore les nuits…
Parlons ensuite du stress qu’elle subit et du mouron qu’elle se fait pour ses patients, ce qui fait que je la vois souvent rentrer triste ou angoissée, voire en colère contre les conditions de travail qui l’empêchent de pouvoir faire ce qu’elle estime être bon pour ses patient.e.s. Car oui les infirmier.e.s prennent leur travail très à coeur, à tel point que je vois des fois ma femme se rendre au travail dans un état de santé précaire uniquement parce qu’elle sait que ses collègues, et donc les patient.e.s, seront dans une situation ingérable en lien avec un manque de personnel.
Enfin, même si elle et ses collègues me répètent qu’ils ne font pas ce métier pour l’argent, ils le font pour un salaire parfois en dessous de celui d’autres emplois à même niveau de formation. Et les perspectives d’avancement sont moyennes puisque que mon épouse est une femme et que bien que ce genre représente 80 % de tout le personnel infirmier, les postes de chefs infirmiers sont occupés à 70 % par des hommes.
En tant que militante, vous imaginerez bien ma révolte lorsque je vois à quel point ce corps de métier est dévalorisé, peu défendu par nos responsables politiques alors qu’il est si primordial pour la santé de notre population. En tant que personne active dans la politique je pousserai mon parti à continuer de défendre ces travailleuses et travailleurs ainsi que le financement des services publics. Mais en tant qu’épouse je suis juste fière et souhaite apporter ma reconnaissance et mes encouragements à mon épouse et à tous ses collègues.
Céline Misiego