Jusqu’à un âge avancé, notre camarade Ernest Décosterd a participé activement aux cortèges du 1er Mai et aux assemblées du parti. Ses interventions, toujours bien étayées, étaient très écoutées. Il apportait aux problèmes des solutions modérées et raisonnables. Puis il a passé ses deux dernières années dans un établissement médico-social, où il était très apprécié des résidents et du personnel. Car Ernest était un être chaleureux, pour qui l’amitié comptait, dans le parti et hors de celui-ci. Il fut surtout un homme aux convictions inébranlables. Cependant, il associait à ces dernières un esprit critique en éveil. Il n’était en aucun cas un dogmatique.Jusqu’à un âge avancé, notre camarade Ernest Décosterd a participé activement aux cortèges du 1er Mai et aux assemblées du parti. Ses interventions, toujours bien étayées, étaient très écoutées. Il apportait aux problèmes des solutions modérées et raisonnables. Puis il a passé ses deux dernières années dans un établissement médico-social, où il était très apprécié des résidents et du personnel. Car Ernest était un être chaleureux, pour qui l’amitié comptait, dans le parti et hors de celui-ci. Il fut surtout un homme aux convictions inébranlables. Cependant, il associait à ces dernières un esprit critique en éveil. Il n’était en aucun cas un dogmatique.
Une vie de combats
Ernest Décosterd est né en 1922. Pendant son enfance, il fut marqué par la crise économique qui frappa durement sa famille. La guerre d’Espagne et la victoire de Franco, puis la Seconde Guerre mondiale déterminèrent aussi ses engagements ultérieurs. Il fit un apprentissage de commerce. A l’armée, après son école de recrue en 1942, il exécuta tous ses cours de répétition, en partie sous le commandement du capitaine Robert Nicole, un socialiste de gauche anticonformiste, auquel il resta lié d’amitié. Au printemps 1948, il adhéra au POP vaudois. Il participa activement à toutes ses luttes. Il fut président du POP lausannois de 1954 à 1984. Il siégea au Conseil communal de Lausanne de 1958 à 1985, et au Grand Conseil de 1958 à 1978. Il s’impliqua notamment dans la réglementation des caisses de pension, pour la diminution de la circulation automobile en ville et le développement intensif des transports publics. Il fut membre de l’importante commission permanente des finances. Il remplit aussi de lourdes tâches d’organisation dans le parti, tâches dont le leader du POP vaudois André Muret se déchargeait volontiers sur lui… Le 29 septembre 1956, coup de tonnerre dans sa vie ! Alors qu’il est président de la Commission du personnel de la maison Veillon, il est licencié brutalement avec effet immédiat. Cela (il nous l’a dit) pour des raisons non politiques mais syndicales : il fallait décapiter le mouvement de contestation au sein de l’entreprise. En revanche, les événements de Hongrie et la vague d’anticommunisme qui suivit rendirent sa réintégration impossible. Manifestement inscrit sur une «liste noire», il eut beaucoup de peine à retrouver du travail. Il dut même travailler un temps comme manoeuvre à la Coopérative des ouvriers du bâtiment de Lausanne (Cobal). Finalement, il fut engagé par cette entreprise, hélas disparue aujourd’hui, comme employé de commerce puis secrétaire général. Si, lors de l’interview vidéo que nous lui avons consacrée, il regrettait un certain dogmatisme passé dans le POP, il soulignait surtout ses succès : le grand nombre de signatures en faveur de l’Appel de Stockholm de 1950 contre les armes nucléaires, la contribution importante du parti dans l’introduction du suffrage féminin dans le canton de Vaud en 1959, les progrès obtenus dans les domaines des allocations familiales, des vacances, les retombées de son combat constant en faveur des retraité-e-s. «Cette lutte politique a donné un sens à ma vie», nous disait-il.
L’amour de la musique
Mais à côté de la lutte pour des conditions de vie meilleures, il y avait la culture, à laquelle Ernest attachait beaucoup d’importance. Il était devenu un excellent connaisseur de la musique classique, avec une prédilection pour Chostakovitch. Il aimait aussi l’opéra. «Je ne peux pas concevoir ma vie sans la musique», ajoutait-il.
Et pour nous popistes vaudois, il sera difficile de concevoir la vie de notre parti sans cette figure de «sage» respecté. Adieu, camarade Décosterd ! Tu resteras un exemple pour les militant-e-s du POP, jeunes ou moins jeunes car, pour reprendre tes propos, «rien n’est irréversible ni définitivement acquis». Nous continuerons donc ton combat !
L’interview vidéo d’Ernest Décosterd, réalisée le 8 juillet 1991 et déposée aux Archives de la Ville de Lausanne, est visible en ligne : http://bit.ly/PJ-videos
Pierre Jeanneret