L’accueil de jour reconnu légalement
Le 31 janvier 2017, le Grand Conseil votait la nouvelle Loi sur l’Accueil de Jour de l’Enfance (LAJE), et confirmait ainsi une meilleure reconnaissance des crèches et garderies. Premièrement, l’accueil de jour est mieux soutenu financièrement par le Canton, les employeurs et les communes. Concilier vie professionnelle et vie familiale n’est donc pas une responsabilité des seuls parents ; c’est un enjeu public, bénéfique aussi bien aux familles qu’à leur activité économique. Deuxièmement, la nouvelle LAJE attribue un rôle supplémentaire à l’accueil de jour : il ne s’agit pas seulement d’un service aux parents qui peuvent ainsi travailler, il s’agit aussi d’une prestation pédagogique, qui favorise le développement des enfants et leur offre d’autres occasions de socialisation que la famille. Troisièmement, la loi exige que les communes offrent un accueil avant l’école, à midi et après l’école pour toutes les familles qui en expriment la demande.
Parascolaire : encadrement au rabais ?
Une fois ces principes adoptés, il faut se donner les moyens de les réaliser. Et à ce stade, il se pourrait que l’accueil parascolaire se trouve accompagné d’une baisse de la qualité de l’encadrement. Le taux de personnel formé et le nombre d’employé.e.s par enfant est fixé par le Canton. Avec la nouvelle loi, cette responsabilité est toutefois déléguée à l’EIAP, un groupe de municipaux désignés par les communes. En mai dernier, l’EIAP a mis en consultation un nouveau cadre qui diminue le taux d’encadrement et la proportion de personnel formé.Ainsi, le taux d’encadrement passerait d’un.e professionnel.le pour 12 enfants à un pour 15 dès la 3e année primaire. Dès la 7e, il passerait de 1 pour 15 à 1 pour 20. Le taux de qualification passerait par ailleurs de une personne formée sur deux à une personne formée sur quatre. Enfin, un taux moindre de personnel formé est admis, sans limite de durée, pour les moments où « le niveau d’exigences pédagogiques est peu élevé » – laissant dans les faits de larges possibilités d’exceptions, à presque tous les moments de la journée.
6 heures par jour dans la vie d’un enfant
Il est indispensable de rappeler que l’accueil parascolaire représente des moments, avant l’école, à midi et après l’école, qui représentent potentiellement 6 heures dans la vie d’un enfant. Ils sont donc importants par leur durée, et sont aussi importants comme moments de repos et de détente, distincts du travail scolaire. Il ne s’agit pas d’une récréation prolongée, sous l’oeil distant d’un.e surveillant.e, ni d’un moment scolaire, où l’on peut demander aux enfants de rester assis sans bruit. Pour que ce moment ait du sens dans la journée de l’écolier, il faut un encadrement par du personnel qualifié et en nombre suffisant.
Un temps éducatif
Par ailleurs, l’accueil parascolaire peut et doit répondre à deux enjeux fréquemment évoqués à l’école. Premièrement, l’intégration d’élèves avec des difficultés ou des besoins particuliers a été un progrès de ces dernières années, pour leur donner le maximum de chances. Il nécessite toutefois un investissement accru durant le temps scolaire – ce que le Canton assure largement – mais aussi durant le temps parascolaire. Pour s’adapter aux troubles psychologiques et affectifs, au handicap physique ou mental, du personnel formé n’est pas un luxe. Deuxièmement, l’école se plaint régulièrement de devoir de plus en plus éduquer les enfants au lieu de les instruire. Face à des enseignants dépassés et des familles qui le sont souvent tout autant, un accueil parascolaire de qualité représente une excellente occasion d’offrir à ces enfants un encadrement par du personnel compétent, et pour leur offrir un cadre où développer leurs compétences sociales, et contribuer à l’égalité des chances. Ce rôle de socialisation et de prévention a été inscrit dans la loi en 2017, et il serait désolant que le cadre fixé en 2018 n’en tienne pas compte. Une pétition a donc été lancée pour soutenir un cadre de qualité, avec le soutien du POP, pour exprimer cette position à l’EIAP avant qu’ils ne finalisent leur cadre.
Pour proposer un accueil parascolaire qui soit réellement favorable aux enfants, et qui permette aux parents de les confier sans crainte, le POP vous appelle aussi à soutenir la pétition sous : http://www.popvaud.ch/2018/07/05/petition-accueil-parascolaire-de-qualite/
Par David Payot – Municipal lausannois en charge des écoles