Réponse du Municipal D. Payot aux conséquences du deal de rue sur les élèves

Suite à une interpellation urgente sur les conséquences du deal de rue sur les élèves des écoles alentours, voici la réponse de notre Municipal lausannois David Payot :

  • La Municipalité peut-elle détailler les mesures actuellement prises pour protéger la jeunesse du deal de rue, pour la sensibiliser sur les dangers pour la santé découlant de la consommation de stupéfiants et de substances psychotropes, et de la mettre en garde sur les peines appliquées aux contrevenants à la LStup ?

Ces dernières semaines le thème du deal de rue a été fortement médiatisé et débattu, et il est légitime que des familles s’interrogent sur ses répercussions pour les élèves scolarisés à proximité, et sur les mesures prises pour réduire les risques en la matière. L’analyse de la Municipalité peut être résumée avec trois principes :

  1. La présence de dealers aux abords des écoles durant les horaires scolaires n’est pas acceptable. Si elle est constatée, les acteurs de l’école sont appelés à le signaler au corps de police pour qu’il intervienne. Par ailleurs, le dispositif policier présenté le 5 juin dernier vise un effet dissuasif et englobe le périmètre du collège de St-Roch ;
  2. La consommation de substances psychoactives par des mineurs est un problème et nécessite des interventions préventives – la campagne « Pote bourré Pote en danger » développée l’année passée par la direction EJQ en est une illustration.
  3. Les professionnels de la scolarité ne constatent pas de lien significatif entre le deal de rue et la consommation de substances psychoactives par des élèves. Ceci semble explicable essentiellement parce que les premières consommations concernent généralement l’alcool et le tabac, et que l’accès aux substances se fait généralement par d’autres voies – typiquement avec des pairs du même âge ou légèrement plus âgés, parfois avec des parents eux-mêmes consommateurs. En conséquence, l’intervention sur le deal de rue et celle concernant la consommation de substances psychoactives par les élèves sont toutes deux nécessaires, mais méritent d’être clairement distinguées.

Face aux préoccupations exprimées, il importe ici de relever les résultats de l’étude HBSC (2016) menée au niveau Suisse, et de l’étude de l’IUMSP menée sur Vaud et Lausanne avec approche comparative entre 2004 et 2014 (« Enquêtes populationnelles sur la victimisation et la délinquance chez les jeunes dans le Canton de Vaud ». Ces études attestent d’un report observé concernant l’âge de la première consommation, et d’une diminution significative de la consommation (tabac, alcool, cannabis) chez les enfants et les jeunes, particulièrement claire dans l’étude de l’IUMSP chez les enfants (âge moyen 14,2 ans) entre 2004 et 2014.

 

Cela étant précisé, il est possible d’indiquer le dispositif de prévention, au niveau des écoles en général et de St-Roch en particulier. Le contenu de la prévention de santé dépend de l’Unité cantonale de Promotion de la Santé et de Prévention Scolaire, et se décline sous différentes formes. La prévention primaire, qui s’adresse à l’ensemble des élèves, peut aborder la consommation de substances psychoactives, mais aussi la dépendance aux écrans ou le harcèlement. Elle vise tant au primaire qu’au secondaire, à renforcer les capacités des élèves à gérer différentes difficultés, en renforçant le bien être psychique, l’estime de soi et la capacité à se positionner, typiquement, à dire non dans des situations de pression. La prévention secondaire, qui concerne les élèves pour lesquels un problème est signalé, cible spécifiquement la consommation problématique. Tant les élèves que les intervenants peuvent signaler aux infirmières scolaires des situations nécessitant une intervention. Celle-ci se réalise typiquement par le biais du programme DEPART du SUPEA. En 2017, une vingtaine d’interventions de ce programme ont été demandées pour l’ensemble des établissements scolaires lausannois, et le collège de St-Roch ne présente pas de différence par rapport à l’ensemble des établissements secondaires.

Sur l’impulsion du Canton, le programme dit « prévention des dépendances » s’est décliné dans tous les établissements scolaires du secondaire I à Lausanne et s’est terminé il y a 2 ans à Lausanne. Des mesures visant un meilleur repérage des enfants susceptibles de connaître des difficultés en lien avec des problématiques de consommation ont été mises  en place. Pour poursuivre cette démarche, une formation des professionnels dans les établissements scolaires est mis en place avec le concours des professionnels des équipes médicales de DEPART (CHUV) sous l’égide de l’Unité PSPS et débutera en septembre prochain.

Si l’on parle plus spécifiquement de l’établissement de Villamont-St-Roch, ce dernier a développé un important projet d’établissement sur la prévention du harcèlement et du cyber-harcèlement. Les interventions en cours pour l’année scolaire 2017-2018 concernent les élèves des degrés 7 à 10 : l’organisation Action innocence intervient en 7ème, les élèves de 9ème et 10ème ont effectué des travaux qui seront présentés le 29 juin aux autres élèves et aux parents via un « Café des parents »,   une vidéo a été créée par un groupe d’élèves avec présentation de celle-ci aux élèves de 7 et 8ème et formation par les élèves de 9ème. Le but est de traiter de la problématique du harcèlement et de la capacité de chacun à se positionner dans le contexte d’une dynamique de harcèlement.

 

Des interventions sont menées en partenariat entre Mme Belinda Forny du Corps de police et un autre professionnel dans les classes de 8ème et 10ème, mobilisent ces compétences. En 10ème, le cadre légal est amené en lien avec la question des sorties, des horaires de sortie le soir, et la question des consommations peut également être traitée en fonction des sollicitations et questions des élèves. Pour les enfants qui connaissent des difficultés personnelles, l’infirmière scolaire passe dans les classes (Villamont St-Roch pour se présenter à tous les élèves, rappeler quelles sont les personnes ressources dans l’établissement et transmettre des n° d’appels téléphonique dont le 147)

Les infirmières scolaires se sont par ailleurs mises à disposition des enseignants pour traiter les questions de possibles consommations (alcool, cannabis…), particulièrement en amont des départs en camps si souhaité. Les enseignants n’ont, à ce jour, pas sollicité de telles interventions.

Dans les établissements scolaires, le réseau des professionnels (PPLS, infirmières, médecins, assistants sociaux, avec les médiateurs et enseignants), œuvre au repérage au suivi et à l’orientation des enfants en difficultés diverses et contribuent ainsi à prévenir les comportements inappropriés et développement de consommations au titre d’ « automédications ».

 

  • Prévoit-elle de renforcer ces mesures dans les prochaines semaines et mois ? Si oui, comment ?

La période des vacances scolaires n’appelle pas de renforcement du dispositif de prévention. Le dispositif policier communiqué le 5 juin dernier est lui appelé à se déployer, y compris près des écoles.

 

  • En particulier, la Direction enfance, jeunesse et quartiers prévoit-elle de mobiliser des éducateurs et/ou animateurs sociaux dans les quartiers concernés par la problématique et de les former en conséquence ?

Les travailleurs sociaux hors murs ont pour rôle d’intervenir auprès des jeunes présentant des problèmes ou posant des problèmes, et sur le principe de la libre adhésion des jeunes. Ils ont également des échanges réguliers avec la Brigade des mineurs pour coordonner leur intervention. En revanche, il ne leur appartient pas d’assurer une présence régulière face au deal de rue, et le dispositif constitué des infirmières scolaires, des assistants sociaux scolaires, des psychologues, des répondants PSPS et des médiateurs scolaires paraît suffisamment étoffé pour que les travailleurs sociaux hors murs se fixent d’autres priorités.

 

  • La Municipalité prévoit-elle une sensibilisation particulière des directions d’établissement et des enseignants, en lien avec le DFJC ?

Comme évoqué, une formation des professionnels dans les établissements scolaires est mis en place avec le concours des professionnels des équipes médicales de DEPART (CHUV) sous l’égide de l’Unité PSPS et débutera en septembre prochain.

 

  • La Municipalité prévoit-elle une surveillance accrue des préaux et des alentours des écoles, en particulier aux heures d’arrivée et de départ des écoliers ?

La surveillance relève d’un dispositif sécuritaire, et donc du Corps de police. De manière secondaire, le concierge vérifie généralement l’état du préau le matin et les enseignants assurent la surveillance durant les récréations.

  • La Direction de l’Enfance, de la Jeunesse et des quartiers peut-elle nous assurer qu’une cellule de soutien existe au niveau des écoles lausannoises et qu’elle est équipée pour assurer une réaction adaptée et rapide à tout type d’exposition à un acte lié à la drogue qui pourrait affecter psychologiquement et émotionnellement un enfant en âge scolaire, tel que par exemple : l’interaction avec un dealer ou un consommateur; être témoin d’une consommation de drogue ou d’un deal; être témoin d’un consommateur en état de détresse ; trouver de la drogue cachée dans la rue; ou encore l’arrestation d’un dealer.

Le dispositif de santé existant est composé des infirmières scolaires, des répondants PSPS, des médiateurs scolaires, des psychologues, logopédistes et médiateurs scolaires.

Par ailleurs, il est prévu depuis plusieurs années déjà, pour chaque établissement scolaire dans le Canton et à Lausanne, de pouvoir activer des mesures spécifiques en cas d’évènement touchant directement ou indirectement un établissement scolaire. Il s’agit du dispositif dit GRAFIC.

Très explicitement codifié, il consiste à activer une cellule composée de la direction d’établissement, des professionnels (médecin scolaire, infirmière scolaire, psychologue scolaire, médiateur, assistant social), sous l’égide d’un pilotage par le/la directeur/trice d’établissement, avec selon les besoins et spécificités de la situation, le chef du service de psychologie scolaire, la cheffe du service de santé et prévention notamment.

 

  • Comment la Municipalité intègre-t-elle les parents des élèves pour les sensibiliser au problème du deal près des établissements ?

Comme déjà indiqué, la prévention vise prioritairement la consommation de substances psychoactives et non le deal de rue. Impliquer les parents dans le dispositif préventif est pertinent, dans la mesure où ils constituent naturellement une ressource essentielle pour les enfants ; il a jusqu’à présent été difficile de les toucher et de les impliquer. Si le débat actuel suscite de nouvelles sollicitations, la direction aura soin d’y répondre de la manière la plus adaptée possible.

 

  • Cette Direction peut-elle nous assurer de son plein soutien aux mesures sécuritaires prises par la Municipalité ?

Le dispositif policier est soutenu par l’ensemble de la Municipalité et des directions. Dans la mesure où il vise une présence policière en amont des infractions et non seulement lors des cas de flagrants délits, le dispositif paraît correspondre pleinement à une démarche de prévention des consommations de substances psychoactives.