Pourquoi nous avons voté non au postulat “Pour une politique de soutien à l’allaitement urbain à Lausanne”

Voilà pourquoi nous avons voté non au postulat “Pour une politique de soutien à l’allaitement urbain à Lausanne”

Tout d’abord, je tiens à remercier Mme Genoud pour ce postulat qui a comme but de proposer une réflexion autour de l’allaitement.
Il est prouvé aujourd’hui que l’allaitement maternel a des bienfaits considérables sur la santé et le développement de l’enfant. L’OMS recommande 6 mois d’allaitement exclusif à la demande (c’est à dire aussi souvent que l’enfant le demande) et de poursuivre jusqu’à l’âge de 2 ans et au-delà. C’est un acte naturel, quelle que soit le lieu ou l’âge de l’enfant.
Il est important de faciliter les conditions des mères qui reprennent à travailler après leur congé maternité en leur fournissant le temps et les conditions nécessaires pour tirer leur lait sur leur lieu de travail ou pour aller allaiter leur enfant à la garderie, tout simplement en considérant ces actes comme naturels. En plus c’est leur droit. Mes collègues et moi avons pu le faire, grâce à un cadre favorable et à une équipe bienveillante, mais aussi et surtout parce que nous avons été actives pour faire valoir notre droit.
En dehors du cadre du travail, il est fondamental de promouvoir l’allaitement PARTOUT, plutôt que de prévoir des lieux consacrés à cela.
Si d’un côté il est appréciable d’avoir des endroits calmes où s’installer confortablement, surtout en hiver, de l’autre, lorsqu’on désigne des lieux où l’allaitement est bienvenu, cela pourrait sous-entendre qu’il ne l’est pas ailleurs. Ainsi cette initiative, qui part d’un bon sentiment, pourrait produire l’effet inverse et stigmatiser l’allaitement. Si on désigne des lieux pour allaiter, le risque est que ce ne soit plus normal d’allaiter ailleurs.
Votre postulat cite l’application Mamamap, où on trouve 25 «espaces allaitement» à Lausanne, qui sont communiqués directement par les mamans et qui sont repérables grâce à un autocollant. Des cabines d’essayage dans des grands magasins, certains cafés de la ville, pharmacies, magasins d’articles, etc Ces endroits proposent pour la plupart un fauteuil, une cabine d’essayage, un coin isolé à l’abri des regards. Parfois, il faut demander l’accès auprès du personnel (qui n’est souvent pas au courant de la démarche), parfois, il faut attendre sa place car elle est déjà prise. Par curiosité, j’en ai essayé quelques uns il y a pas très longtemps, mais je me suis rendue compte que le plus simple et le plus naturel était ma pratique habituelle, c’est à dire allaiter PARTOUT.
J’ai allaité mes enfants, discrètement, mais partout. Au parc, dans les magasins, au musée, dans le bus, en écoutant une conférence, en manifestant, au restaurant et la liste est encore longue. Il faut reconnaître aux femmes qui allaitent le droit de le faire « partout » si elles le souhaitent car c’est normal de répondre aux besoins de son enfant (que ce soit la faim, la soif ou le réconfort) au moment même où il en a besoin!
Le rôle de la Ville de Lausanne devrait éventuellement être celui de promouvoir l’allaitement en général au sein de la population, afin qu’il soit vu comme un acte normal et naturel, en passant par l’information et pourquoi pas le soutien à des associations qui encouragent l’allaitement maternel comme MAM’S (Marraine d’Allaitement Maternel Suisse).
Pour toute ces raisons, le groupe Ensemble à Gauche va refuser ce postulat.

Laura Manzoni