Défendre les apprentis : un devoir du POP

Lors du congrès du POP Vaudois en octobre dernier, nous nous sommes penchés sur les questions d’école et de formation parmi lesquelles nous avons abordé le sujet de l’apprentissage.

POP-Vaud

D’abord il me paraît bon de contextualiser. On peut considérer qu’il y a plusieurs types d’apprentis. Il y a ceux qui ont choisi cette voie parce que les études n’étaient pas faites pour eux ou parce qu’ils ont besoin d’une activité physique, il y a ceux qui n’ont pas le choix parce qu’à l’école obligatoire ils ont décroché et le niveau scolaire ne leur permet pas de faire d’autres études. Il y a aussi le problème financier, certaines familles ne pouvant financer les études de leurs enfants et ceux-ci n’ont pas droit à une bourse d’étude et par défaut choisissent un apprentissage. Le constat montre aussi que les enfants des classes populaires et ouvrières sont ceux qui se tournent le plus vers l’apprentissage, cela étant dû aux inégalités sociales dans l’accès à la formation postobligatoire.

L’importance de développer ce thème

Ce thème est pour nous très important pour plusieurs raisons. Premièrement nous constatons qu’il n’y a pas vraiment de parti ni de syndicat qui se préoccupent véritablement de ces jeunes en formation, de leurs conditions de travail, de leur salaire etc… Si on entend souvent la droite nous vanter le modèle suisse de l’apprentissage, c’est parce que les milieux économiques qu’elle représente ont besoin des apprentis dans leurs entreprises, ceux-ci considérant trop souvent ces jeunes comme de la main d’œuvre à bon marché, qu’on peut vite exploiter et rentabiliser. Deuxièmement, nous constatons que bon nombre d’apprentis ignorent leurs droits et sont souvent endoctrinés par les belles paroles de leurs patrons. Troisièmement, les apprentis sont grugés économiquement, ils ont de trop bas salaires, ce qui peut poser des problèmes importants notamment pour les frais de déplacements ou de repas ; c’est d’autant plus complexe pour les apprentis qui font une formation sur le tard et qui peut-être ont déjà quitté la maison familiale. Enfin, il faut développer une véritable politique en matière d’apprentissage qui regroupe ce qui a été dit précédemment mais aussi instaurer plus de droits et des contrôles pour les faire respecter, et étendre les conventions collectives de travail aux apprentis. Si on veut obtenir cela il n’y a pas de miracle, nous devons informer et sensibiliser ces jeunes en formation en allant à leur rencontre pour tenter de les mobiliser.

Ce sujet je le connais bien, j’ai été pendant 4 ans apprenti et j’ai vu comment est considéré le statut d’apprenti. Il me semble important de préciser qu’on ne doit pas dévaloriser ceux qui font une formation duale. Si certains ont une nette tendance à glorifier les étudiants et les universitaires et à pousser leurs enfants à faire de hautes études sous prétexte que l’apprentissage est une filière bas de gamme, je trouve cette attitude méprisante et dénigrante envers les travailleurs en formation. Ce mépris de classe doit être condamné ! Pour ma part, je ne regrette en rien d’avoir fait un apprentissage, au contraire ça m’a permis d’acquérir sur le terrain des connaissances et une pratique professionnelle concrètes et essentielles. Mais il est vrai hélas, que les perspectives professionnelles et salariales pour un apprenti sont moins valorisées qu’un étudiant, même si celui-ci peut faire une maturité professionnelle. C’est une grossière injustice qui mérite toute notre attention et sur laquelle nous devons nous pencher pour trouver des solutions concrètes.

Quelques propositions du POP

Quand, j’étais apprenti j’ai constaté que nous n’étions pas tous égaux dans notre formation, par exemple certains apprentis dans la même branche professionnelle que moi gagnaient en dernière année parfois le double de mon salaire. Cela nous amène à une proposition concrète que nous faisons qui est le salaire minimum pour les apprentis, qui permettra de mettre sur un même pied d’égalité (salariale) les jeunes en formation. Ce salaire étant tellement bas pour certains que nous estimons aussi que les patrons doivent payer entièrement les frais de transports de leurs apprentis mais cette somme ne doit en aucun cas être soustraite à leur salaire. Nous demandons aussi l’instauration de l’automaticité à informer de leurs droits tous les apprentis, que ce soit via les écoles professionnelles ou par une campagne de sensibilisation faite par l’Etat, et conçue de manière attrayante pour les jeunes. Par exemple, il est bon de rappeler quelque chose que peu de gens savent, les apprentis ont le droit à une bourse d’étude dans le cadre de leur formation. Il se peut que des apprentis soient perdus, ou se retrouvent avec des problèmes professionnels et/ou sociaux qu’ils ne savent comment régler et/ou à qui s’adresser ; c’est pourquoi nous proposons l’instauration d’assistants sociaux au sein des écoles professionnelles. Enfin, tout comme il y a une fédération des étudiants qui vient en aide et défend les étudiants, nous appelons de nos vœux à la création d’un syndicat entièrement dédié aux apprentis.

Le POP s’engage à développer ces questions et à les mettre sur la table dans les mois qui viennent soit par des campagnes dans la rue, soit en passant par nos différents élus.

Christophe Grand