Le «Journal des arts et métiers» de l’USAM publiait en novembre un article sur le stress au travail. Curieusement, le terme approprié “d’épuisement professionnel” n’y apparaît jamais et les pressions imposées aux travailleurs ne sont pas mentionnées.

Sous le titre «Celui qui se met en danger», le texte paru en novembre pointe du doigt les travailleurs qui, «par tous les moyens, s’imposent des défis pour arriver à leurs objectifs, quitte à dépasser leurs horaires ou à travailler les week-ends, et ceci par souci de réussir ou par peur de perdre leur emploi». Ces salariés qui s’auto-exploitent «dépassent les exigences demandées par l’employeur», affirme le texte. «Ils mettent en jeu leur santé personnelle ainsi que celle de l’entreprise», poursuit l’article.

Se pencher sur les vraies causes du problème

Aucune mention dans le texte de la surcharge accrue de travail à laquelle sont soumis de plus en plus les travailleurs, alors que le vrai problème est là! Si des salariés font des burn-out, c’est bien à cause d’un stress chronique dû aux pressions que leur impose leur entreprise. Quand une firme licencie du personnel pour «faire des économies», ce sont les employés en place qui se répartissent les tâches de leurs anciens collègues, tout en gardant une cadence soutenue pour permettre à leurs employeurs de rester compétitifs face à leurs concurrents!

Tous les secteurs sont touchés et la fonction publique n’est pas en reste. Selon une étude de la Haute école pédagogique de la Suisse du nord-ouest, un tiers des enseignants suisses seraient proches du burn-out! Cela est dû, en grande partie, à l’augmentation constante du nombre d’élèves par classe, et à la partie administrative du travail qui est toujours plus intense. Les coupes budgétaires proposées par différents cantons ne vont de loin pas favoriser un meilleur climat au sein des écoles et des services publics.

Plutôt que de se dédouaner de leurs responsabilités en rejetant la faute sur les travailleurs, comme le font les employeurs et l’USAM, il semblerait plus judicieux de se pencher sur les vraies causes du problème. Avec une société qui tourne vingt-quatre heures sur vingt-quatre, vivant dans la culture de la compétitivité et de la concurrence pour servir la cause mercantile des milieux économiques, l’humain est transformé en machine.

Pourtant, notre santé n’est pas infaillible et chacun a aussi besoin de moments de détente et de profiter de la vie. Certains pays ou entreprises ont compris que s’ils voulaient préserver la santé de leurs employés et leur permettre d’être plus efficaces, il fallait diminuer les heures de travail par jour. D’autant plus, que généralement, le salaire n’est pas proportionnel à la charge de travail, ce qui, chez certaines personnes, fait augmenter le sentiment de travailler durement pour pas grand chose. Pour terminer, il y a autre chose de dérangeant dans cet article.

Le burn-out, c’est le syndrome de l’épuisement professionnel, pourtant, jamais ce terme n’est mentionné par la journaliste, qui parle de stress, de phénomène ou de comportement. Serait-ce un mot tabou pour les défenseurs du patronat?

Christophe Grand
Extrait du Gauchebdo n°50 – 11 décembre 2015