Beaucoup d’étudiants n’ont pas suffisamment d’argent pour faire des études. Ils doivent cumuler un travail ou renoncer à des dépenses indispensables comme la santé. Le 14 juin, votons OUI à un système plus égalitaire et social.
Aujourd’hui, les cantons sont responsables des bourses d’étude. Ils choisissent non seulement les montants, mais aussi les critères qui y donnent droit. Ce système montre d’immenses inégalités, le Jura investit 87.­ par habitant pour les bourses, alors qu’à Schaffhouse, cela représente seulement 17.­ par habitant, soit plus de 5 fois moins. Même les cantons les plus généreux ne donnent pas suffisamment pour permettre des études sans devoir cumuler un autre emploi. Il existe un
concordat réunissant 16 cantons dont Vaud qui harmonise les montants minimums et certains critères. Mais les montants sont trop faibles et les critères trop restrictifs. Les cantons ont entrepris ces dernières années des coupes budgétaires. Ces mesures d’austérité n’épargnent ni l’éducation ni les bourses d’étude. Il y a aussi des projets d’augmentation des taxes d’étude, l’EPFL voulait par exemple tripler les taxes d’étude pour les faire passer à environ 3600­. par année. Suite à un mauvais « compromis », ils ont finalement renoncé, mais ce sujet reviendra certainement bientôt. Les cantons essaient aussi de remplacer les bourses par des prêts, ce qui fait que les étudiants finissent leur formation endettés.

Cette situation doit changer. Aujourd’hui, 72 % des étudiants travaillent à côté de leurs études, cela mène à des situations de stress et d’épuisement. Les études sont une activité à pleins temps et nous ne pouvons pas demander aux étudiants d’y ajouter un emploi. La Confédération doit prendre ses responsabilités pour améliorer la situation. L’initiative « pour les bourses d’étude », lancée par l’Union des étudiant­e­s de Suisse (UNES) et soumise au vote le 14 juin, demande une
harmonisation formelle et matérielle des bourses, ce qui signifie que les critères, ainsi que le montant minimal des bourses seraient les mêmes dans tous les cantons. Ceux qui veulent faire mieux auront toujours la possibilité, donc c’est une harmonisation vers le haut. L’initiative ne fixe malheureusement pas le montant minimum, donc il n’est pas sûr qu’il sera assez haut pour permettre à toutes les classes sociales d’avoir une égalité des chances dans les études,
mais elle est une réelle amélioration.

Un contre­projet indirect soutenant le concordat intercantonal a été opposé à l’initiative. La participation financière de la Confédération ne dépendra plus uniquement de la population des cantons, mais aussi des prestations offertes, ainsi la confédération encourage les cantons à rejoindre le concordat. Mais ce projet n’est pas contraignant, les cantons pourront continuer à négliger les étudiants. De plus, le concordat ne va pas assez loin et ne garantit pas des bourses
suffisantes.

Pour garantir un revenu suffisant, il faut que les étudiants aient au minimum 2000.­ par mois. Avec ce montant, les étudiants n’auront plus besoin de travailler à côté de leurs études. Les classes populaires auront ainsi plus de réussite dans leurs études. De plus, cela empêchera une pression supplémentaire sur le marché du travail. Les étudiants sont souvent mal payés et ont des mauvaises conditions de travail. Au final, tous les travailleurs sont perdants. Cette initiative améliorera le sort des couches populaires en leur facilitant l’accès aux études, mais cela n’est pas suffisant. Il est extrêmement important que ceux qui ont la possibilité et l’envie de faire des études en aient aussi les moyens financiers. Mais pour que les classes populaires aient vraiment accès aux études, il faut créer une école émancipatrice. Aujourd’hui, l’éducation est à l’image de notre société, c’est­à­dire que nous créons un climat de concurrence, où certains doivent réussir et d’autres échouer. Nous ne cherchons pas à nous adapter à l’élève pour que chaque personne ait une place, c’est plutôt à lui de s’adapter ou de rater. Le système des notes montre très bien cela, nous catégorisons les élèves. Nous ne cherchons pas à intéresser l’élève, donc le seul moyen pour le faire travailler, c’est de lui faire peur avec les notes. Il est important que l’école devienne un lieu où les gens se sentent bien, et pour cela, il faut révolutionner le système éducatif, mettre l’élève et son avenir au centre de la formation. Une conséquence du système éducatif capitaliste est que les enfants ont souvent un métier et un niveau de formation semblable à celui des parents, reconduisant ainsi les classes sociales à travers les générations.

Gaël Vuillème et Jordan Willemin