Le 1er septembre 2014, la Direction de l’UNIL a édicté une nouvelle directive (5.4) qui limite drastiquement les possibilités d’expression libre par voie d’affichage, par la diffusion de journaux, de tracts, par la récolte de signatures (pétitions, initiatives, référendums), la tenue de stands, ou la recherche de fonds pour une campagne humanitaire, par exemple. Cette directive soumet, en effet, à «autorisation préalable» de l’administration (5.4.4), toutes ces formes d’expression ou d’actions libres et indépendantes, qu’elles soient culturelles, associatives, syndicales, politiques, éditoriales ou reli­gieuses.

En d’autres termes : la direction de l’Unil s’arroge avec cette directive un pouvoir discrétionnaire lui permettant de décider ce qui peut être dit ou non sur le territoire de l’Université. Elle prétend n’autoriser que les activités en lien direct avec les étudiant-e-s ou les salarié-e-s (24Heures et RTS, 15.10.2014) pour faire de l’UNIL une bulle préservée du monde. La Directive prévoit, de plus, d’interdire «toute communication […] qui interfère avec ses propres communica­tions» (art. 5.4.3), c’est-à-dire toute expression critique ou dissidente envers elle.

La Direction s’arroge le droit de prononcer des sanctions, et prévoit de poursuivre pénalement et de réclamer des frais de nettoyage aux associations et individus qui y contreviendraient. Elle envisage de plus de «déléguer […] à une autre association universitaire, le contrôle de [sa] bonne application» et appelle à la délation (art. 5.4.6) pour diviser et opposer les étudiant-e-s comme les salarié-e-s.

Assimiler l’exercice des droits et libertés démocratiques à du bruit, à de la saleté qu’il faut encadrer et nettoyer, interdire toute indépendance des organisations du personnel ou des étudiant-e-s pour défendre leurs droits et leurs intérêts, c’est faire régner l’arbitraire, un climat de suspicion et de contrôle, et infantiliser les usagers/ères.

Ce renforcement du pouvoir de la Direction et l’affirmation du campus comme «domaine privé» (préambule de la directive) sont intimement liés à la transformation de l’enseignement supérieur en universités-entreprises. C’est la fin de l’Uni­versité comme espace pluriel de débats ainsi que des liens de celle-ci avec la société et le monde.

Tout cela en contradiction avec la Charte de l’Université de Lausanne qui déclare que «l’UNIL stimule la capacité à critiquer et à mettre en question les savoirs qu’elle transmet et qu’elle développe» et qu’elle «contribue à la formation de citoyennes et de citoyens humanistes, critiques et responsables, autonomes et solidaires».

Nous, signataires, exigeons le respect des droits et des libertés démocratiques à l’Université de Lausanne. L’UNIL est un lieu pluriel, ouvert aux débats et aux échanges intellectuels et culturels. Les libertés d’association, d’expression, et syndicales doivent être garanties. Nous exigeons le maintien des zones d’affichage antérieures. Contre l’arbitraire de la Direction, les signataires exigent le retrait de la directive 5.4.

 

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