Par Christiane Jaquet, députée au Grand Conseil vaudois

Berne se réveille
Depuis 2001, la subvention maximale destinée au loyer pour les PC est basée sur des statistiques datant de 1999. Elle s’élève à 1’100 francs pour une personne seule et à 1250 francs pour un couple. Des sommes qui ne correspondent pas du tout au prix des loyers, surtout dans les régions à forte pénurie. Depuis 2001, les loyers ont augmenté de 18% en moyenne, selon les dires du Conseil fédéral. Les associations de retraités et plusieurs parlementaires s’étaient émus de cette situation inadaptée à la réalité et sont intervenus auprès du Conseil fédéral. Une motion de la commission de la santé du Conseil national a pris le relais et a été acceptée en 2011 par le Parlement. En septembre dernier, Alain Berset répondait qu’il ne faudrait pas compter sur une amélioration avant 2016… Même si l’on sait que tout prend beaucoup de temps en Suisse, il y a de qui s’indigner de tant de lenteur. Nombre de personnes qui doivent demander des PC pour
vivre sont contraints de puiser dans ce qui leur est alloué pour leur nourriture afin de pouvoir payer leur loyer.

Or une consultation vient d’être ouverte par la Confédération sur une modification, enfin ! Dans les régions urbaines de Genève, Lausanne, Berne, Bâle et Zurich, les personnes seules devraient recevoir 245 francs de plus et les couples 320 francs. Dans des villes comme Fribourg, Winterthur, St- Gall , Yverdon et les agglomérations en général, l’augmentation se situera entre 190 et 255 francs et dans les autres régions les personnes qui reçoivent des PC AVS AI se contenteront de 100 francs de plus si elles sont seules ou de 200 francs pour un couple. Dans un grand élan de tentative de prise en compte des besoins, le Conseil fédéral annonce une sorte de souplesse selon la taille de la famille, ce qui permettrait de tenir compte d’un espace plus grand. Donc plus cher ?

Une couche de complications de plus
Le calcul des PC n’a rien de simple et dépend d’une multiplicité de conditions, sans même d’ailleurs limiter les effets inégalitaires de seuils. Le souci apparent de prise en compte des différences régionales va donc encore aggraver la complexité des calculs. Renens, voisin de Lausanne, va-t-il tomber dans la catégorie « agglomérations » alors que les loyers y rivalisent avec ceux de la capitale vaudoise ? La création de nouvelles catégories et critères ne va sans doute pas simplifier les choses. Il n’en reste pas moins que cette modification va mettre un petit flocon de beurre sur les maigres épinards dont doivent se contenter les quelque 280’000 personnes qui en Suisse ne peuvent couvrir leurs besoins vitaux sans les PC.

Ces modifications sont estimées à 47 millions pour la Confédération et à 29 millions pour les cantons. Ces sommes sont modestes car elles ne sont que des adaptations à des coûts réels longuement attendus. Il ne s’agit donc pas d’augmentations. Ce ne sont que de très modestes adaptations pour un pays qui compte près d’un milliard de pauvres et qui annonce pour 2013 un excédent de recettes de 1.3 milliard, alors que le budget prévoyait un déficit de 0,4 milliard… Scénario habituel, stratégie trop bien connue pour imposer des économies.