Par Christiane Jaquet, députée au Grand Conseil vaudois

La coalition des représentants bourgeois des communes anéantit une modeste tentative d’amélioration du logement dans le canton. La troisième révision du plan directeur cantonal s’éternise au Parlement sur la question du logement. Deux jours de débats n’ont pas suffi à clarifier la lettre B 31 du projet gouvernemental qui a même finit par être enterrée dans cette version par 75 voix contre 60 et 1 abstention.

Alors que le PLR continue à clamer sa sensibilité et son souci de trouver des solutions au problème du logement, alors qu’il a développé des postulats qui proposent soit une réflexion sur le type de logements à construire, soit l’inscriptions dans le plan directeur de zones à loyer abordable, le voilà qui hurle avec toute la cohorte de ses alliés de droite contre de telles mesures… Allez comprendre. Pas question de donner aux communes la possibilité de planifier les types de logements selon les besoins (subventionné, individuel, protégé ou à loyer abordable). II serait aussi superflu d’accorder des prêts sans intérêts aux petites communes comme c’est déjà le cas pour les grandes. La sacro sainte autonomie communale pourrait en être violée. Comme l’a longuement expliqué dans sa péroraison la syndique de Payerne, ce qui est nocif, c’est la longueur des procédures et le manque de zones à bâtir. Voilà pourtant des années que la commission
de gestion met le doigt sur la difficulté des démarches due la plupart du temps à des dossiers mal ficelés par les communes qui ne disposent pas de services compétents. Mais l’auto critique n’a pas sa place dans ce débat passionné qui est plus destiné à égratigner la Conseillère d’Etat Béatrice Métraux en charge du dossier qu’à se soucier du bien des locataires.

Le lobby des municipaux et des syndics – ces derniers sont une bonne quinzaine – s’est associé au lobby des proches des milieux immobiliers. Un marché qui actuellement distille de grands profits. Le PLR Devaud s’est même exclamé qu’il n’y avait pas de pénurie de logements. Un vert lib a déclaré mi figue mi raisin que, vu la dernière votation fédérale, il n’y en aura d’ailleurs plus.

Au nom du groupe POP solidaritéS, Jean-Michel Dolivo a fustigé cette classe politique qui depuis 20 ou même 30 ans s’est montrée incapable de remédier à la pénurie et qui se bat becs et ongles pour maintenir une politique totalement inefficace. « Les opposants à une mesure qui n’est même pas obligatoire s’avancent masqués, ayant en réalité intérêt à maintenir une situation de pénurie. »

Au vote, La Gauche, le PS et les Verts ont soutenu en vain la proposition gouvernementale, avec le soutien de Jerôme Christen, (Vaud libre) et du PLR Serge Melly. Le PDC Jacques Neyrink s’est abstenu. Enfin l’UDC François Brélaz a voté seul de son groupe en faveur du texte du Conseil d’Etat et vient d’annoncer la démission de son parti, ulcéré par une « UDC qui méprise les locataires et les salariés ».

Le débat se poursuivra mardi 18 février, plusieurs amendements concernant cette fameuse lettre B 31 ancienne formule sont d’ores et déjà annoncés.