Par Christiane Jaquet, députée au Grand Conseil vaudois

La coûteuse, stupide et inutile campagne d’Economie suisse contre l’initiative Minder a imposé une période de contrition  à  cet organisme. C’est l’USAM qui reprend actuellement le flambeau des milieux patronaux, sous l’égide de l’inénarrable Jean-François Rime de l’UDC. C’est donc sans surprise que l’on voit l’Union des Arts et Métiers repêcher une motion de l’UDC bâlois Thomas de Courten et s’y aligner. Il s’agit d’un refus absolu de tout nouveau financement de l’AVS, dont les rentes pourtant n’ont pas augmenté depuis 1975. Seule une augmentation régulière par intervalles d’un mois de l’âge de la retraite trouve grâce à leurs yeux. L’âge de la retraite serait ainsi fixé chaque année en relation avec  la situation financière.  Pire encore, le fonds AVS serait plafonné. C’est un plan de glaciation de l’AVS. Sans même que ces représentants des patrons expliquent comment ils comptent offrir des postes de travail à des quasi septuagénaires.

Une ère glaciaire pour l’AVS

L’offensive est déclarée contre le plan Berset qui est aussi celui du Conseil fédéral. Mais en fait, il s’agit surtout d’une véritable campagne UDC  de démolition du premier pilier. L’USAM rejoint ceux qui se fichent totalement de la Constitution fédérale et de son article 112 lettre b qui énonce « la couverture des besoins vitaux par l’AVS. ». On en est actuellement fort loin, même si la situation financière de l’AVS est excellente  au point de rendre les pays voisins jaloux.  Or, on connaît actuellement le nombre de retraités qu’il y aura en 2025  et l’on sait qu’il faudra à ce moment requinquer le premier pilier. On comprend dès lors que le frein à l’endettement, fétiche de l’UDC,  la congélation du système AVS et l’augmentation de l’âge de la retraite mois après mois sont des leurres  qui conduiront à diminuer les rentes. Ils s’inscrivent dans la stratégie de démantèlement des assurances sociales. C’est l’œuvre de la religion de l’individualisme et de la « responsabilité personnelle » qui fait saliver les assureurs vie.

 

Le lièvre et la tortue

 L’indispensable opposition aux néfastes propositions de l’USAM ne signifie pas un soutien au plan Berset. Ce dernier répond à la motion de Courten en précisant qu’il n’accepte plus que la sortie du marché du travail se fasse actuellement à 62,6 ans pour les femmes et à 64,1 ans pour les hommes. S’il n’évoque pas un frein à l’endettement, il propose un succédané,  soit des mesures automatiques de baisses  des rentes selon la conjoncture ou des augmentations de la TVA, à conditions qu’elles passent la rampe parlementaire.  Tous ces projets feront partie de la consultation qu’Alain Berset lancera à la fin du mois de novembre. Mais la droite veut que le parlement le prenne de vitesse en faisant voter rapidement un frein à l’endettement et les mesures de Courten.

Avant de se réjouir, Ils feraient bien de se souvenir de la fable du lièvre et de la tortue.

 

Paru dans Le Gauchebdo du 26.10.2013