Chères et chers camarades,

La crise mondiale que nous commençons à vivre, et qui durera certainement encore quelques années, n’est pas qu’un gros feu de paille financier. Elle n’est pas un accident de parcours. Elle est directement liée au mode de fonctionnement du capitalisme productiviste, celui-là même qui nous presse comme des citrons et à cause duquel les bénéfices réalisés grâce au travail de chacune et chacun d’entre-nous vont dans les poches de quelques riches. Et, finalement, ce n’est pas qu’une crise financière puisqu’elle pose de graves problèmes sociaux et environnementaux. Elle peut donc s’enorgueillir d’être une réelle crise systémique.

Tous les secteurs de l’économie en ressentent les effets et, dès lors, toutes les salariées et les salariés également. Les conséquences commencent à se faire sentir, et elles sont déjà très marquées. A commencer par la hausse du chômage qui entraîne, avec elle, nombre de problèmes de vie individuelle, de vie familiale et sociale, de remise en cause et de situations tragiques. La colère sociale gronde et les luttes pour le refus des licenciements et la défense des emplois sont encore pour la plupart devant nous.

Un des acteurs principaux dans la gestion de cette crise est sans conteste possible la confédération. Cette dernière, dans sa grande mansuétude, en profite lâchement pour faire des coupes sombres dans différents domaines sociaux. Nommons pour commencer le second pilier, pour lequel un référendum, initié par le Parti Suisse du Travail / Parti Ouvrier et Populaire et massivement porté par les syndicats et par les médias de consommation a été déposé dernièrement à Bern avec bien plus de DEUX-CENT-MILLE signatures.

La Confédération, toujours elle, va tenter d’imposer l’obligation de cotiser 18 mois pour pouvoir bénéficier de 400 indemnités de chômage, et de baisser à 260 indemnités le droit maximum pour les personnes n’ayant cotisé que 12 mois. C’est ce qui s’appelle se payer de la tête de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs.

L’assurance maladie est aussi sous le feu permanent de notre Couchepin national. Oser proposer une taxe de 30.- par consultation chez un médecin est purement et simplement anti-social et scandaleux. Je peux facilement imaginer que des actions auront lieu en temps utile afin de contrer cette tendance visant de plus en plus à péjorer celles et ceux qui ont de la peine à nouer financièrement les deux bouts.

Continuons avec l’AVS qui, année après année, peine à remplir son mandat constitutionnel et qui met dans la précarité bon nombre de retraitées et de retraités. Un scandale de plus à mettre au crédit de nos ministres à Bern.

C’est donc à nouveau (mais qui s’en étonne encore ?) à celui qui n’y peut rien de subir les conséquences de cette crise et de payer les pots cassés. C’est inadmissible !

Quelques mesures pourraient être mises en place et seraient de nature à juguler, voire à inverser ces tendances.

Dans le domaine du travail, la coalition A Gauche toute !, formée du POP et Gauche en mouvement et de solidaritéS a lancé avec ses alliés l’initiative pour l’instauration d’un salaire minimal. Elle a été déposée l’été passé et elle sera bientôt porté devant le peuple. Nous ferons bien entendu tout pour que ce soit une victoire pour le monde du travail.

D’autre part, nous luttons pour :

  • Une généralisation des contrats-type pour chaque branche, à défaut d’un accord entre employeurs et syndicats. – Nous luttons pour une assurance obligatoire contre la perte de gain en cas de maladie.
  • Nous luttons pour une charte des droits fondamentaux des salarié•e•s sur les lieux de travail, comprenant notamment le respect des droits syndicaux, le développement de la formation du personnel et d’apprenti•e•s, l’intégration de travailleuses et travailleurs handicapé•e•s, avec l’attribution d’un « label social public » pour les entreprises qui acceptent la charte. L’application de la charte est vérifiée par l’organisation syndicale, à défaut par la représentation des travailleurs.
  • Nous luttons pour un droit de recours accru des associations professionnelles et syndicales sur toutes les questions des droits du travail.
  • Nous luttons pour le développement de mesures de protection des salarié•e•s contre les effets des licenciements collectifs : les délais d’annonce et les plans sociaux devraient être obligatoires.
  • Nous luttons pour le droit pour chaque salarié•e non seulement d’être entendu•e préalablement à toute résiliation de son contrat de travail, mais aussi celui d’obtenir, en cas de licenciement abusif, sa réintégration dans l’entreprise.
  • Nous luttons pour la fiscalisation des emplois détruits ou des délocalisations par les entreprises rentables.
  • Nous luttons pour l’obligation de lier tout licenciement à une organisation concertée et programmée de reconversions d’activités, au sein du bassin d’emploi concerné, ainsi qu’à des reclassements individuels dans des emplois équivalents.
  • Et nous luttons pour que le 1er mai devienne un jour férié, bien entendu.


Dans le domaine des finances et de la fiscalité, nous luttons pour :

  • Supprimer la taxation à forfait des personnes fortunées étrangères. Une initiative sera lancée cette année encore afin de suivre l’exemple du canton de Zürich qui a aboli cette injustice fiscale au début de cette année.
  • Nous luttons pour réformer en profondeur l’impôt sur le revenu, d’une par en diminuant le barème pour les petits revenus, d’autre part en atténuant la progression pour les revenus moyens et en augmentant celle-ci pour les hauts et très hauts revenus et finalement en supprimant le plafonnement de l’impôt sur le revenu.


Annoncer nos luttes, c’est très bien. Commencer à mettre en place les mesures proposées est un autre défi. Un vrai défi, un énorme défi.

Ce défi passe par nous toutes et nous tous. Non seulement par notre engagement syndical ou politique actuel, mais également par le recrutement de nouvelles forces vives.

Il est en effet indispensable de renforcer les mouvements syndicaux et les partis politiques. Et ce travail, ce ne sont ni les directions, ni les sections locales qui peuvent le faire, même si des actions de recrutement portent parfois leurs fruits.

Ce travail, vous le savez bien, c’est le votre, c’est le notre. C’est un travail de militance indispensable. Et il faut juste arrêter de croire que c’est le copain ou la copine qui s’en occupera. C’est au contraire à nous, dans nos milieux professionnels, dans nos réseaux sociaux, qu’ils soient dans le monde réel ou via Internet, de sensibiliser, de communiquer, d’informer. De donner envie de nous rejoindre simplement parce que ce que nous défendons est profondément juste et solidaire. C’est en général à ce moment là, lorsque nous devons communiquer, que beaucoup d’entre-nous se regardent les chaussures et n’osent pas se lancer, et c’est plus que dommage. C’est simplement dommageable pour la défense des valeurs qui nous sont chères et pour lesquelles nous nous devons de lutter par tous les moyens pacifiques possibles.

Une fois que nous serons pleinement motivés et aussi nombreuses et nombreux que possible, c’est alors dans l’action que nous devons nous retrouver, unis et solidaires. Syndicats et politiques réunis dans un large mouvement de refus du capitalisme sauvage. Réunis pour défendre nos acquis. Réunis pour dire tout haut notre mécontentement et pour faire savoir que de cette société là, parfois si injuste, nous n’en voulons plus !

En conclusion, il nous faut impérativement garder à l’esprit que toutes les crises sont des moments de bascule, des moments charnière, pendant lesquels la droite va tout faire pour désosser les filets sociaux, pour continuer à étatiser les pertes et à privatiser les bénéfices, de toutes les façons possibles et imaginables.

En ce qui nous concerne très directement, une stabilisation des acquis ne pourra se faire qu’au travers de grandes mobilisations, coordonnées entre les syndicats et les partis politiques au niveau Suisse, afin que la situation que nous retrouverons dans quelques années, une fois que cette crise-ci sera passée, ne soit pas pire que celle que nous vivons aujourd’hui. Il s’agit donc de mettre en place et de vivre, dans le concret, dans l’action militante sur tous les terrains concernés, une véritable convergence des luttes, une véritable mobilisation sociale, accompagné du refus clair et net de tout dogmatisme et de tout sectarisme politique.

Pour terminer, et ce sera là mot de la fin, ce que nous voulons et que nous devons mettre en œuvre, c’est d’enfin remplacer le capitalisme par le socialisme en y incluant également d’indispensables valeurs écologistes. De proposer un autre monde. Et ce n’est pas parce que le chemin est long et que l’on ne voit pas encore le bout du tunnel qu’il nous faut baisser les bras.

La lutte continue, chères et chers camarades ! Et elle continue forcément TOUS ENSEMBLE

Didier Divorne
président cantonal du POP & Gauche en mouvement