Impôts : moins de cadeaux, plus de justice !

« 50 trucs pour payer moins d’impôts » : en cette saison, chaque magazine fait son article sur le sujet. Et donne toujours les mêmes ficelles pour jongler astucieusement entre les frais de son immeuble, son troisième pilier et ses fonds de placements. Si vous voulez connaître ces combines pour gros contribuables, lisez « Bilan » ou « l’Hebdo ». Et si vous voulez économiser sur vos impôts, venez plutôt aux permanences du POP, elles sont ouvertes aux salariés/-es, chômeurs/-euses et rentiers/-ères, et elles ne sont pas chères !

Trop riche ou pas assez pauvre

Il était boulanger et elle employée non qualifiée. Avec leur AVS et chacun leur retraite, ils sont trop riches pour avoir droit à une aide. Pour les impôts, ils sont aussi classés dans la classe moyenne, et paient quelques milliers de francs par année. Pourtant, une fois comptés les assurances-maladie, les frais de santé, le loyer et les impôts, ils ont dix francs de plus que le barème d’aide sociale. Ils grignotent donc leur épargne ; mais à passé 80 ans, ils commencent à se dire qu’ils vivront plus longtemps que leurs économies…

Pour des impôts plus justes, le minimum vital devrait être mieux protégé par la fiscalité. Actuellement, pour les impôts vaudois, les déductions sociales comprennent le loyer (maximum 525 francs par mois), les déductions pour contribuable modeste et pour famille (au plus, 400 francs mensuels pour le conjoint et 360 francs par enfant). On peut y ajouter la déduction pour assurance-maladie (170 francs par adulte, 110 par enfant). Qui peut prétendre que cela correspond à sa réalité économique ?

A qui coûtent les cadeaux aux plus riches ?

D’un autre côté, notre Canton accumule les multinationales, les fédérations sportives et les étrangers au bénéfice de rabais fiscaux. Pour ces trois catégories, elle est en tête des classements suisses. Avec toujours le même argument : ces hôtes créent de la richesse. En d’autres termes, ils paient des employés et des commerçants, qui eux paieront des impôts, et compenseront les cadeaux fiscaux.

Le calcul a tout de même un problème : on ne compte jamais les coûts de ces privilégiés : les routes et les infrastructures, la formation des travailleurs/-ses, les aides quand les salaires ne suffisent pas pour vivre. Ces charges retombent sur les contribuables ordinaires. Et il y a un problème de cohérence : si les autres contribuables doivent compenser l’exonération des plus riches, comment soulager la classe moyenne, que tous les partis prétendent défendre ?

Chaque parti réclame des rabais pour sa clientèle : pour les familles avec femme au foyer, pour les familles où la femme travaille, pour les couples mariés, et bien sûr pour les entreprises et les évadés fiscaux. Plutôt que de réclamer des faveurs pour les uns ou pour les autres, il vaudrait la peine de demander plus de justice à notre système fiscal. Et cela veut dire : reconnaître les charges qui pèsent sur tous/-tes les contribuables, au lieu de faire des cadeaux aux plus riches, ou de favoriser telle ou telle catégorie.

David Payot